Une salle, quatre murs et un prof face à des rangées d’élèves… Et si tout ça disparaissait ?
Nous nous sommes livrés à un petit exercice de prospective lors de Viva Technology 2017.
L’éducation est un secteur qui a peu évolué ces soixante dernières années. On a certes abandonné les blouses et les châtiments corporels, modifié régulièrement les programmes et les calendriers des vacances scolaires, mais les écoles d’aujourd’hui ressemblent toujours beaucoup à celles de nos parents, voire de nos grands-parents.
Une salle, quatre murs, des rangées de table, un professeur qui distille son savoir et des élèves en face qui écoutent plus ou moins religieusement. Voilà pour le décor. Mais il pourrait bien être chamboulé dans les années à venir sous la poussée des nouvelles technologies. Au point de faire disparaître les écoles ? C’est la question que nous avons posée à deux experts de l’éducation : Walter Baets, doyen de The Camp, un campus dédié à la transformation et la disruption qui ouvrira en septembre à Aix-en-Provence, et Svenia Busson, fondatrice du LearnSpace, un accélérateur dédié aux startups de l’EdTech qui sera opérationnel en janvier prochain.
Décentraliser l’école
“La technologie permet aujourd’hui d’apprendre partout et tout le temps, donc l’école va pouvoir être décentralisée”, se réjouit Svenia Busson. “Je pense qu’il faudrait sortir l’école de l’école, comme je l’ai observé en Finlande”. Par exemple, les élèves pourraient suivre les cours de sciences de la vie dans la nature, ou étudier dans des tiers lieux comme des FabLabs ou des makerspaces...
L’école deviendrait alors un point de ralliement pour retrouver ses amis et travailler ensemble sur des projets collectifs, mais plus un passage obligé 6 heures par jour. Surtout, l’aménagement des salles de classe doit évoluer. “Il faut en finir avec les rangées de table et le prof en face sur une estrade”, pointe Svenia Busson.
Walter Baets, lui, s’intéresse particulièrement aux mutations de l’enseignement supérieur et, à terme, il pense qu’il n’y aura plus vraiment d’université ou de grandes écoles à proprement parler mais plutôt des lieux mixte mêlant monde du travail et études. “On va beaucoup plus fonctionner en réseau à l’avenir”, assure-t-il.
Arrêtons les gadgets pour nous concentrer sur les méthodes !
Nos deux experts s’accordent à dire que ce qui va (et doit) radicalement changer, ce sont surtout les méthodes pédagogiques. Car, pour l’instant, les nouvelles technologies n’ont pas encore tenu leurs promesses sur ce point. “Il ne faut pas répéter les erreurs de l’éducation classique avec le numérique”, met en garde Walter Baets. “Les MOOC, par exemple, ne sont que la numérisation de cours classique… ce n’est pas très innovant !”
Svenia Busson, elle, en a après le tableau connecté : “Si c’est juste pour remplacer le tableau noir, franchement je ne vois pas l’intérêt. Les élèves ne seront pas plus acteurs du cours !”. Car pour la jeune femme qui a fait l’année dernière un tour du monde des initiatives pédagogiques innovantes, l’EdTech World tour, rien ne vaut le “learning by doing”.
“Grâce aux nouvelles technologies, les connaissances sont partout et les élèves peuvent avoir accès à des experts du monde entier. Il faut donc surtout leur apprendre à aller chercher les infos et à vérifier leurs sources”, explique-t-elle.
Le “peer learning” a fait ses preuves
Une fois cette compétence maîtrisée -on parle de digital literacy-, les élèves peuvent travailler ensemble sur des projets. “Le peer learning (apprendre grâce à ses pairs) est particulièrement efficace”, assure Walter Baets qui veut en finir avec l’approche descendante du “sachant” (le prof) qui dicte ses connaissances aux “apprenants” (les élèves).
Mais alors, les profs vont disparaître ? “Non, leur rôle va évoluer… Ils seront plutôt des mentors ou des coachs”, avance Walter Baets. “Des facilitateurs”, renchérit Svenia Busson. Et pour cela, il va falloir les former...
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Par Clémence BOYER